Roman Emperors Dir Aurelian

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Aurelian (A.D. 270-275)

Lionel Duhault

Université de Caen

Coin with the image of Aurelian (c)1999 Princeton Economic Institute

Lucius Domitius Aurelianus semble être né en 214[[1]] ou 215 selon les sources. Il est issu d'une famille modeste quoique que possédant la citoyenneté romaine.[[2]] Son père était un simple paysan[[3]] tandis que sa mère était, selon l'Histoire Auguste,[[4]] prêtresse de Sol invictus. Son lieu de naissance est, quant à lui, sujet à discussion. La seule chose sûr, c'est qu'il soit originaire des Balkans. Le Pseudo-Aurélius Victor[[5]] la situe dans une région entre la Dacie et la Macédoine tandis qu'Eutrope parle de la Dacia Ripensis[[6]] comme l'Histoire Auguste pour qui Aurélien est né en Mésie.[[7]] Comme beaucoup de jeunes de cette région, il s'engage dans l'armée à l'âge de 20 ans. Après, sa carrière n'est pas connue si l'on ne tient pas compte des indications de l'Histoire Auguste. Il doit cependant faire une brillante carrière puisqu'il occupe un poste important en 268 ce qui lui vaut de participer au complot contre Gallien.

Celui-ci tente depuis 266 de reprendre en main l'empire gaulois mais les invasions des Hérules et des Goths le contraint à laisser le commandement à Postumus. Gallien parti pour l'Illyrie et remporta quelques victoires mais la révolte de Postumus[[8]] à l'été 267 l'obligea à laisser le commandement une nouvelle fois à Marcianus pour retourner en Italie mettre le siège devant Milan pour en déloger l'usurpateur. C'est là qu'il tomba à l'été 268 victime de son état-major dont Aurélien faisait parti. Le pouvoir impérial échu à Claude. Ce dernier élimina Postumus puis parti pour Rome afin de recevoir l'investiture. Claude aurait nommé Aurélien commandant de toute la cavalerie.[[9]] L'assassinat de Gallien avait eu des conséquences dans l'empire gaulois et en Orient. La révolte d'Aureolus permit à Postumus de prendre le contrôle des provinces d'Espagne. Mais il sortait dés lors de la mission qui fondait sa légitimité, la défense du Rhin et il fut éliminé en 269. Victorinus le remplace. Pour contenir le danger de l'empire gaulois, Claude envoie le préfet des Vigiles, Julius Placidius à la tête d'un détachement constitué d'infanterie et de cavalerie[[10]] qui permet de tenir fermement la Narbonaise. Les Espagnes seraient également revenues dans le giron impérial à ce moment. En Orient, la cité de Palmyre commence à avoir des prétentions sur l'Egypte. Celles-ci se précisent au début du règne de Claude. Son préfet d'Egypte, Tenagino Probus, repousse une première fois l'attaque des Palmyriens. A tout cela s'ajoute le problème des Barbares profitant des troubles pour envahir l'Illyrie et le nord de l'Italie. Claude bâtit les Goths à la fameuse bataille de Naïssus au cours de laquelle Aurélien se serait illustré puis les Alamans au lac de Garde lors de l'année 269. Une deuxième campagne contre les Goths se déroule l'année suivante. Aurélien y tient une place importante, peut-être le commandement en second. Toujours est-il que lorsque Claude meurt de maladie en août 270, c'est son frère, Quintillius, qui est proclamé empereur par les soldats.

Ce dernier se trouve en Italie du Nord, à Aquilée, lorsqu'il accède à la pourpre tandis qu'Aurélien achevait la campagne contre les Goth en Mésie. Quintillius était doté du même caractére que son frère sans en avoir la force et l'expérience. Son règne dura certainement deux mois si l'on suit le Chronographe de 354 qui lui attribue 67 jours de règne. Lorsqu'il apprend la mort de Claude et la proclamation de Quintillus, il se rend à Sirmium. Là, les soldats le proclament empereur. Quintillus ne pu soutenir la concurrence face au prestige dont Aurélien jouissait auprès des troupes. Les sources divergent sur sa mort. Soit il fut tué par ses soldats,[[11]] soit il se suicida abandonné de tous.[[12]] Cet avènement est le fait de la ligne dure de l'état-major impériale, dont Aurélien fait partie, voulant la restauration de l'unité de l'empire. Son principal objectif est d'éliminer les usurpateurs de Gaule et de mettre un terme à la mainmise de plus en plus affirmée de Palmyre sur l'Orient. Mais, pour cela, il doit d'abord mettre fin aux incursions des Barbares en Italie afin d'assurer ses arrières.

Après sa proclamation, il marche sur l'Italie afin de mettre fin aux agissements de Juthunges et de faire confirmer ses pouvoirs par le sénat. La campagne n'est pas décisive mais les barbares sont repoussés. Après quoi il se rend à Rome où il reste peu de temps car les Vandales attaquent la Pannonie dés l'automne.[[13]] Ils sont battus après de durs combats. A la fin de l'année 270, Aurélien doit revenir à Rome pour réprimer la révolte des monétaires.[[14]] Celle-ci se développe à la suite de la fermeture de l'atelier monétaire de Rome par l'empereur à la suite de malversations commises par les employés de l'atelier. Ceux-ci rognaient le pourtour des pièces et auraient pu émettre de la fausse-monnaie de bronze à l'instigation du sénat auquel l'empereur venait de retirer ce droit. Il s'agirait également de la part de l'assemblée de marquer son opposition à l'élimination de Quintillus.[[15]] Felicimus, le procurateur chargé de cet atelier est présenté tour à tour comme l'instigateur[[16]] ou la victime[[17]] de cette révolte. Cette révolte aurait connu une brutale répression causant 7000 morts dans l'armée impériale suivant l'Histoire Auguste et Aurélius Victor. Un petit nombre de sénateurs compromis dans l'affaire furent exécutés.[[18]]

Dés le printemps 271, les Juthunges envahissent de nouveau l'Italie du nord tandis que les Vandales s'attaquent à la Pannonie. L'empereur s'avança jusqu'à Plaisance[[19]] où il subit une grave défaite. Les barbares profitant de la défaite romaine, se dispersèrent en plusieurs partis afin de faire du butin. Aurélien réorganisa son armée et battit la principale bande aux environ de Fanum Fortunae.[[20]] Il leur infligea une deuxième défaite aux environs de Pavie puis les poursuivit jusqu'en Rhétie. Selon les sources, peu de barbares purent rentrer chez eux. Aurélien revient à Rome où il entreprend la mise en défense de la Ville par la construction d'une muraille.[[21]] C'était là tirer les leçons de ce qui venait de se passer. La muraille[[22]] doit permettre à la Ville de résister et d'attendre les secours face à des barbares peu équipés pour mener un siège. La construction est réalisée simultanément par différentes équipes. La muraille repose sur des fondations en opus caementicium (mélange de graviers, de cailloux et de morceaux de briques formant un béton). On emploie la brique, l'opus latericium pour l'appareil des murs. Le mur mesure 6,5 m de haut pour 3,5 m de large. Il est couronné d'un muret de 1 m de haut surmonté de merlons mesurant 60 cm et espacés de 3 m. Une tour carrée est placée tous les 30 m et déborde de la muraille de 3,50 m. Les tours de l'époque aurélienne possèdent 4 grandes fenêtres, 2 sur la face avant et une de chaque coté. Ces fenêtres ouvrent sur une chambre de tir contenant les armes, pour défendre la Ville. Il s'agit des balistes qui désignent au troisième siècle un engin lanceur de flèches. Il existe trois types de portes permettant d'entrer dans la Ville. Le premier type concerne les portes majeures. Il consiste en une double arche encadrée par deux tours semi-circulaires. Entre celles-ci, le chemin de ronde est remplacé par une galerie couverte et percée de fenêtres. Un parement de travertin recouvre la porte. Le deuxième type présente les mêmes caractéristiques mais avec une seule arche. Le troisième ne comprend qu'une arche sans tours de flanquement ni revêtement de travertin. Toutes ces portes sont fermées de l'extérieur par une porte à double battant et à l'intérieur, par une herse.

Selon Zosime[[23]] et le Psedo-Aurélius Victor, trois usurpateurs surgirent dans ces temps troublés. On ignore actuellement qu'elle est la chronologie de ces usurpations. Certaines sont peut-être à situer au moment de la défaite de Plaisance. La plus attesté est celle de Domitianus car on a une monnaie[[24]] de lui, preuve qu'elle dura un certain temps. Zosime mentionne aussi un certain Urbanus qui n'est pas connu ailleurs. Enfin, du dernier, Septimius, ou Septiminus pour le Pseudo-Aurélius Victor,[[25]] on sait qu'il se révolta en Dalmatie mais fut presque aussitôt éliminer par ces partisans. Désormais, Aurélien peut se consacrer à la réunification de l'Empire.

Il se résout à éliminer la plus grande menace, à savoir Palmyre. En effet, l'empire gaulois connaît de plus en plus de difficultés internes et l'empereur préfère attendre que les choses s'y dégradent encore avant d'attaquer. Cependant il faut d'abord s'occuper du Danube où les Goths créent de nouveau des problèmes. L'armée fit ses préparatifs pour la guerre contre Palmyre et part à l'été 271. Les Goths sont écrasés[[26]] et l'empereur prend le titre de Gothicus Maximus, de Carpicus Maximus et de Dacicus Maximus.[[27]] Aurélien en profite pour réorganiser le front et c'est certainement à ce moment qu'il entreprend l'évacuation de la Dacie.[[28]] L'HA et Eutrope disent que l'on évacue les citoyens et l'armée.[[29]] En tout cas, l'évacuation semble terminée en 273. Le limes est évidemment restructuré et cela permet de raccourcir la ligne de défense. Une province portant le nom de Dacie[[30]] est crée sur le territoire des deux Mésie. Ces mesures vont permettre d'assurer la sûreté de ce secteur pendant plusieurs dizaines d'années. Après cette victoire Aurélien passe l'hiver à Byzance puis, lui et son armée, s'ébranle vers l'Orient et Palmyre.

La rupture avec Zénobie se produit vers avril 272.[[31]] Son fils prend le titre d'Augustus tandis qu'elle prend celui d'Augusta. Les monnaies d'Antioche portent comme légende : " Im(perator) C(aesar) Vahballatus Aug(ustus) ". Aurélien se met en mouvement au printemps 272 à partir de Byzance. Il prend Ancyre puis d'autres villes sur son parcourt sans combat.[[32]] Seule Tyane lui résiste mais l'empereur finit par prendre la ville à la suite d'une trahison.[[33]] L'empereur se montre clément et l'épargne pour encourager les autres villes à ne pas lui résister. Ce qui est le cas. Pendant ce temps, l'armée palmyrienne n'a pas cessé de reculer car son général, Zabdas, préfère allonger le plus possible les lignes de communication romaines et attaquer les Romains dans un pays qu'il connaît. Finalement la bataille décisive se déroule à Antioche.[[34]] Pour les Palmyriens, il s'agissait d'empêcher Aurélien de s'emparer d'une base d'opération stratégique et de faire la jonction des troupes venant d'Egypte. La bataille tourne au désastre pour Palmyre qui y perd son principal atout, sa cavalerie lourde qui est massacrée.[[35]] Zénobie et Zabdas évacuent Antioche avec leur armée en direction d'Emèse dans la nuit.[[36]] Aurélien put entrer dans Antioche accueillit triomphalement par la population grecque. Un autre combat se déroule à Daphné, un faubourg d'Antioche qui est gagné par les Romains.[[37]] Ensuite, Aurélien peut s'emparer d'Apamée, de Larissa et d'Aréthuse sans coup férir.[[38]] Il écrase finalement l'armée palmyrienne forte de 70 000 à Emèse puis s'empare de la ville avec le trésor de Zénobie qui s'était repliée à Palmyre.[[39]] Le lendemain de la bataille, Aurélien alla rendre hommage au dieu-soleil Elagabal qui lui serait apparu au court de la bataille. Il s'agit peut-être de la préfiguration de l'instauration du culte de Sol Invictus. Aurélien emmène alors son armée à Palmyre pour mettre un terme à la guerre.[[40]] Après un siège qui dura quelque temps, la ville capitula sous la pression du parti pro-romain à la fin juin.[[41]] Il semble que l'Egypte soit déjà perdue pour Palmyre à cette date. Le futur empereur Probus est chargé des opérations de reconquête. Zénobie s'était enfuie peu avant en direction de l'empire perse mais la cavalerie romaine la rattrapa alors qu'elle allait franchir l'Euphrate.[[42]] Les conjurés furent jugés à Emèse. Les proches conseillers de Zénobie furent exécutés dont le philosophe Cassius Longinus qui avait poussé la reine à l'intransigeance.[[43]] Puis Aurélien rentra en Europe avec la reine dans ses bagages pour la faire figurer dans la cérémonie du triomphe.[[44]] Il du repousser une attaque des Carpes sur le Danube pour laquelle il gagna le titre de Carpicus Maximus.

Cependant Aurélien n'en avait pas fini avec Palmyre. La ville se révolte quelque temps après le départ de l'empereur à l'instigation d'un certain Septimus Apsaeus.[[45]] Il s'agit d'un citoyen important de Palmyre et un des chefs du parti indépendantiste. Il essaye d'abord d'entraîner dans la révolte le préfet de Mésopotamie Julius Marcellinus. Celui-ci temporise et prévient secrètement l'empereur. Lassé, Apsaeus proclame roi de Palmyre un membre obscur de la famille d'Odénath, Antiochus tandis que la garnison romaine de Palmyre est massacrée. Simultanément une révolte éclate en Egypte à l'instigation de Firmus, un marchand grec d'Alexandrie en relation d'affaire avec Palmyre. Il ne prend pas le titre impérial mais détient le pouvoir exécutif comme un préfet d'Egypte. Puis il reconnaît Antiochus et continue à gouverner en son nom. La réaction d'Aurélien est très rapide selon les sources antiques.[[46]] Début 273, Palmyre tombe sans combat puis l'empereur se dirige vers l'Egypte. La révolte est rapidement écrasée à l'été 273.[[47]] Alexandrie est punie sévèrement, ses murailles sont abattues afin de prévenir toute nouvelle révolte. Rome recouvre définitivement son autorité sur l'Orient. Pour ces victoires, l'empereur prend les titres de Parthicus[[48]] et Persicus Maximus.[[49]] Une inscription mentionne également Palmyrenico Maximo.[[50]] Aurélien reste en Egypte pour initier la réforme du tétradrachme pendant l'automne 273.[[51]]

L'empereur ne rentre à Rome qu'au début de 274. De nombreuses tâches restent en suspend. Avant d'initier les indispensables réformes que nécessitent l'empire, il faut achever de réunifier l'empire. La Gaule reste encore dans la dissidence. Depuis 271, Tétricus a succédé à Victorinus. Il était gouverneur sénatorial de la province d'Aquitaine jusqu'à cette date. Il associe aussitôt son fils à son pouvoir comme César. Comme l'avait prévu Aurélien, l'empire gaulois s'est affaibli avec le temps et au printemps 274, Aurélien lance sa campagne.[[52]] Elle est facilitée par le manque d'enthousiasme de Tétricus qui redoute de finir assassiné par les soldats comme ses prédécesseurs. Plusieurs sources indiquent qu'il aurait envoyé un message à Aurélien peu avant la bataille lui demandant de le sauver : " Délivre-moi, ô Invincible, de mes tourments ."[[53]] La bataille se déroule à Châlons-sur-Marne. Tétricus et son fils changèrent brutalement de camp en plein milieu du combat. Le combat s'acheva par la défaite de l'armée du Rhin privé de son commandement. En rentrant à Rome, Aurélien pu organiser son triomphe[[54]] célébrant ses victoires et manifestant avec éclat la réussite de la première partie de son règne, le réunification de l'empire. Le vocabulaire employé par les inscriptions le qualifie de victoriosissimus, d'indulgentissimus voire de magnus l'assimilant aux grands noms de l'antiquité. Mais surtout, c'est l'expression de restitutor orbis.[[55]] qui qualifie le mieux son uvre.

Aurélien n'a que le temps d'esquisser des réformes dans les domaines de la fiscalité, de la monnaie, de l'administration, de la religion et de l'armée. Dans ce dernier domaine, les réformes sont peu connues. Il semble que l'armée d'Aurélien soit celle de l'époque de Gallien. Il aurait seulement multiplié par 6 le nombre de cavaliers dans une légion. Selon M. Carrié,[[56]] il serait le créateur de l'annone militaire. Rome reprend une importance de premier plan car l'empereur y construit ou restaure de nombreux bâtiments. Il réorganise les distributions de blé. Des distributions gratuites de pain, d'huile, de porc[[57]] et de sel sont instaurées. Le vin est distribué à prix réduits. Ces mesures visent à pallier les difficultés du ravitaillement lors de la crise. Ces mesures entraînèrent certainement la création d'impôts en nature en Italie préfigurant sa provincialisation sous le règne de Dioclétien. Le titre de correcteur de Tétricus serait en rapport avec cette réforme.

L'empereur lance également une réforme monétaire afin de redonner confiance dans le monnayage impérial.[[58]] La clé de voûte de la réforme est l'aurelianus qui remplace l'antoninianus qui n'avait cessé de perdre de sa valeur. La nouvelle pièce porte l'inscription XX. I qui pourrait être la teneur d'argent : 20 parties de cuivre pour une d'argent soit 4,8 %. La pièce d'or est titrée au 1/50 de livre et la pièce de cuivre est à nouveau frappée quoiqu'en faible quantité. Il faut y voir la volonté de maîtriser les dépenses de l'Etat. Ces réformes monétaires entrent dans le cadre plus vaste de la réorganisation des structures administratives et financières de l'empire.

Aurélien introduit à Rome le culte de Sol Invictus avec la création d'un collège de pontifes. Des aristocrates le composent ce qui les rassure car ils peuvent ainsi contrôler le culte et éviter toute dérive comme au temps d'Héliogabale. Aurélien construit un magnifique temple,[[59]] au pied du Quirinal, le long de la Via Flaminia. Le culte de Sol est connu à Rome depuis longtemps mais on y agrége les cultes orientaux solaires connus depuis longtemps dans l'empire. Il devient le dieu suprême de l'empire ce qui n'est pas incompatible avec la domination de Jupiter. Le soleil étant sa représentation visible, son hypostase. Les autres dieux en sont des émanations dont l'empereur lui-même. Les inscriptions et les monnaies provinciales le qualifient de dieu. Il s'agit d'une tentative de légitimation du pouvoir impérial en l'attachant à la religion visant à enlever à l'armée le droit de faire l'empereur. Dioclétien va reprendre le système mais en adoptant Jupiter.

Sur le plan de la pratique du pouvoir, celui-ci devient de plus en plus absolutiste. L'empereur porte le diadème, la pourpre est ornée de broderies ainsi que de pierres précieuses.[[60]] Il y a là une inspiration orientale évidente. Le sénat perd de plus en plus de pouvoir. L'institution des correcteurs en Italie en est un exemple. L'auguste assemblée eu peu à craindre d'Aurélien hormis l'épisode de la révolte des monétaires où quelques sénateurs compromis sont exécutés. Les carrières sénatoriales se poursuivent normalement dans les cadres définis par Gallien.

Le début de l'année 275 est passablement agité puisqu'il délivre Augusta Vindelicum des assauts des Juthunges et des Alamans qui auraient envahie la Rhétie suivant l'Histoire Auguste.[[61]] Il y a peut-être également eu une campagne en Gaule selon la même source. Le règne d'Aurélien s'achève brutalement au milieu de l'année 275 par un assassinat crapuleux alors qu'il préparait une campagne contre les Perses.[[62]] Ce meurtre est le fait d'un esclave ou d'un affranchi d'Aurélien nommé Eros[[63]] qui jouait le rôle de secrétaire auprès de l'empereur. Ce dernier l'aurait menacé à la suite d'une maladresse ou d'une malversation. Craignant pour sa vie, il aurait composé une fausse liste de condamnés à mort sur laquelle, outre son nom, figurait ceux d'officiers proches d'Aurélien. Eros leur présenta la liste et les encouragea à agir. Les conjurés agirent le lendemain lorsque l'empereur sortit de Caenophrurium.[[64]] Un certain Mucapor,[[65]] peut-être un officier supérieur, dirigea le commando et frappa l'empereur. Il semble que l'armée prit mal cet assassinat. Les conjurés seront en tout cas exécutés sur l'ordre de Tacite quand celui-ci arriva au pouvoir. Quant à Eros, il fut jeté aux fauves. L'armée fit de grandes funérailles à Aurélien sur le lieu même de son assassinat et un monument y fut dressé. Il reçut également l'apothéose.

Ce règne fut d'une grande importance car il permit le retour à l'unité et à une certaine stabilité de l'empire. Cette uvre se révèle durable car, hormis les invasions du début du règne de Probus, l'unité de l'empire ne sera plus menacé par les Barbares. Les ébauches de réformes entreprises par Aurélien seront en grande partie reprises lors de la tétrarchie. Sa réforme monétaire est la première tentative de redressement de la monnaie impériale mais l'effort devra être poursuivi par ses successeurs. Par contre, l'instauration du culte solaire ne donne pas les résultats escomptés puisque cela n'empêche pas son assassinat ni celui de ses successeurs. D'ailleurs, Dioclétien abandonnera la théologie solaire pour revenir au culte traditionnel de Jupiter. Eutrope affirmera qu'Aurélien était un empereur " nécessaire. "[[66]]

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[[1]] Malalas, XII, 30. Cet auteur dit qu'il avait 71 ans au moment de sa mort.

[[2]] Peut-être seulement depuis l'édit de Caracalla de 212.

[[3]] Pseudo-Aurélius Victor, XXXIV, 1

[[4]] SHA, Vita Divus Aurelianus, IV, 2. Ce fait semble douteux cependant il ne faut pas oublier qu'Aurélien va instaurer un culte solaire alors qu'il aurait pu utiliser Jupiter comme le fera Dioclétien. On peut y voir une dévotion personnelle acquise au moins dans l'armée sinon dans l'enfance.

[[5]] Pseudo-Aurélius Victor, XXXV, 1

[[6]] Eutrope, Breviarum, IX, 13, 1.

[[7]] La Dacia Ripensis sera crée après l'abandon de la Dacie par Aurélien en morcelant les deux Mésies.

[[8]] Christol M., L'empire romain du III ème siècle, Histoire politique (de 192, mort de Commode, à 325, concile de Nicée), éditions errance, Paris, 1997, p.154.

[[9]] SHA, Vita Divus Aurelianus, XVIII, 1

[[10]] CIL XII, 2228.

[[11]] Eutope, Breviarum, IX, 12, SHA, Vita Divus Claudius, XII, 5, Pseudo-Aurélius Victor, XXXIV, 5, Zonaras, XII, 26. Ils donnent une durée de règne de 17 jours ou de quelques jours.

[[12]] Zosime, Histoire nouvelle, livre 1, XLVII, 1. Avec le Chronographe de 354, Zosime est la seule source à indiquer une durée de plusieurs mois pour le règne de Quintillus. On s'accorde à dire 2 mois en raison du monnayage du frère de Claude.

[[13]] Zosime, Histoire nouvelle, livre 1, XLVIII, 2

[[14]] Christol M., L'empire romain du III ème siècle, édition errance, Paris, 1997, p. 158. Cette datation de la révolte est différente chez Homo L., Essai sur le règne de l'empereur Aurélien (270-275), Paris, 1904, Réed. " L'ERMA " di Bretschneider, Rome, 1965, p. 78 et ss. et chez Cizek, op. cit., p. 93. Ils l'a placent en 271 au moment de la défaite de Plaisance.

[[15]] Turcan A., "Le délit des monétaires de Rome," Latomus, XXVIII (1969): p.948-959. Le thème de ces pièces montre le Genius Populi Romani inspirant le sénat dans ses décisions.

[[16]] SHA, Vita Divus Aurelianus, XXXVIII, 2-4, Aurelius Victor, Livre des Césars, 35, 6, Pseudo-Aurélius Victor, XXXV, 4.

[[17]] Eutrope, Breviarum, IX,14.

[[18]] Zosime, Histoire nouvelle, livre 1, XLVIX, 2, Eutrope, Breviarum, livre IX, 14

[[19]] Pseudo-Aurélius Victor, XXXV, 2. Cette bataille est considérée comme un victoire.

[[20]] Ibid.

[[21]] Eutrope, Breviarum, livre IX, 15, 1, Zosime, Histoire nouvelle, livre 1, XLVIX, 2. Il précise que la muraille fut achevée sous le règne de Probus.

[[22]] Voir la page web réalisé par l'auteur à propos de la muraille et de son histoire.

[[23]] Zosime, Histoire nouvelle, livre 1, XLIX, 2. Au chapitre LXI, 2, Zosime signale l'élimination de  révoltés  , peut-être s'agit-il d'eux ?

[[24]] RIC 5,2, p. 578

[[25]] Pseudo-Aurélius Victor, XXXV, 3.

[[26]] Eutrope, Breviarum, livre IX, 13

[[27]] ILS 581

[[28]] Eutrope, Breviarum, livre IX, 15, 1. Malgré l'avis d'E. Cizek, op. cit., p. 106 qui la place à la fin du règne.

[[29]] Les historiens roumains nient se fait pour affirmer la latinité des Roumains face aux Slaves.

[[30]] Elle sera plus tard divisée en Dacie ripuaire et en Dacie méditerranéenne.

[[31]] P. Oxy. 2904. Ce papyrus date du 17 avril 272 et porte encore la mention Aurélien an 2/Valabath an 5.

[[32]] Zosime, Histoire nouvelle, livre 1, L, 1-2

[[33]] SHA, Divus Aurelianus, XXIII-XXIV, Eutrope, Breviarum, livre IX, 15.

[[34]] Zosime, Histoire nouvelle, livre 1, L, 2

[[35]] Ibid., livre 1, L, 3-4

[[36]] Ibid., livre 1, LI, 2

[[37]] Ibid., livre 1, LII, 1-2

[[38]] Ibid., livre 1, LII, 3

[[39]] Ibid., livre 1, LII, 3-4, LIII, LIV, 1-2

[[40]] Ibid., livre 1, LIV, 2

[[41]] P. Oxy., 2902. Ce papyrus date du 24 juin 272. Aurélien est seul mentionné dans son an 3. Zosime, Histoire nouvelle, livre 1, LVI, 1-2

[[42]] Ibid., livre 1, LV, 2, Eutrope, Breviarum, livre IX, 13, 2

[[43]] Zosime, Histoire nouvelle, livre 1, LVI, 2-3

[[44]] Ibid., livre 1, LIX, 1. Il est le seul auteur a affirmé la mort de Zénobie.

[[45]] Ibid., livre 1, LX,

[[46]] Ibid., livre 1, LXI, 1

[[47]] Ibid., livre 1, LXI, 1. Estiot, S., "Aureliana," Revue Numismatique, Paris, (1995): p. 58-62 et Christol M., L'empire romain du III ème siècle, Histoire politique (de 192, mort de Commode, à 325, concile de Nicée), éditions errance, Paris, 1997, p.160.

[[48]] CIL VI, 1112

[[49]] Ibid., XII, 58. Milliaire des Alpes-Maritimes.

[[50]] Ibid., V, 4319. Cette inscription vient de Brescia.

[[51]] Ammien Marcellin XXII, 16, 15. Emission de tétradrachmes avec des symboles triomphaux romains.

[[52]] Zosime, Histoire nouvelle, livre 1, LXI, 2, Aurelius Victor, Livre des Césars, 35, 3

[[53]] Eutrope, Breviarum, IX, 13, SHA, Tyranni triginta, XXIV, 3, Pseudo-Aurélius Victor, XXXV, 7, Aurelius Victor, Livre des Césars, 35, 4-5. Aurélien se montre clément et le nomme correcteur de Lucanie tandis que son fils reste au sénat. Mais il les fait quand même figurer à son triomphe.

[[54]] Eutrope, Breviarum, IX, 13, HA, Tyranni triginta, XXIV, 4, Vita Divus Aurelianus, XXXIII-XXXIV, Zosime, livre I, LXI, 1. On sait que le récit donné par l'HA n'est pas réaliste, voir Merten E., Zwei Herrscherfeste in der H.A., Bonn, 1968, p. 101-140.

[[55]] CIL VI, 1112

[[56]] Carrié J.-M., Rousselle A., L'empire romain en mutation des Sévères à Constantin 192-337, Nouvelle Histoire de l'Antiquité, Tome 10, Point Seuil Histoire, Paris, 1999, p. 590.

[[57]] Pseudo-Aurélius Victor, XXXV, 6, Aurelius Victor, Livre des Césars, 35, 7

[[58]] Zosime, Histoire nouvelle, livre 1, LXI, 3

[[59]] SHA, Vita Divus Aurelianus, XXV,5, XXXV, 3, Aurelius Victor, Livre des Césars, 35, 7, Zosime, Histoire nouvelle, livre 1, LXI, 2, Eutrope, Breviarum, livre IX, 15.

[[60]] Pseudo- Aurelius Victor, XXXV, 5.

[[61]] SHA, Vita Divus Aurelianus, XXXV, 4, XLI, 8.

[[62]] Zosime, Histoire nouvelle, livre 1, LXII, Pseudo-Aurélius Victor, XXXV, 8, Aurelius Victor, Livre des Césars, 35, 8, Eutrope, Breviarum, livre IX, 15, 2

[[63]] SHA, Vita Divus Aurelianus, XXXVI, 4. L'HA donne le nom d'un certain Mnestéus. F. Paschoud suggère qu'il s'agit d'une confusion avec le mot grec menutés signifiant notarius.

[[64]] Cette localité se situe en Thrace, entre Périnthe et Byzance.

[[65]] Aurelius Victor, Livre des Césars, 36, 2, HA, Vita Divus Aurelianus, XXXV, 5.

[[66]] Eutrope, Breviarum, livre IX, 14,  Saevus et sanguibarius, ac necessarius magis in quibusdam quam in ullo amabilis imperator, trux omni tempore, ...  . " Farouche et sanguinaire, empereur plutôt nécessaire en certaines circonstances que susceptible d'être aimé en aucune, cruel en toute occasion, ... ".

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